Une rentrée chaude en arts et culture, par Sylvie L. Bergeron, présidente du Conseil de la culture de l’Estrie

En guise de salutations pour la rentrée, voici un texte publié dans le Carrefour aux opinions du quotidien La Tribune de ce samedi 22 août 2015.Une rentrée chaude en arts et culture

En 2012, le ministère de la Culture et des Communications déposait à l’Assemblée nationale son Agenda 21 de la culture. Pour les artistes et les travailleurs culturels, il s’agissait d’une levée de rideau qui allait accroître le rayonnement de la culture sur le territoire et à l’ensemble des secteurs socio-économiques.

Des grands principes de cette chartre, qu’en reste-il en 2015? La question se pose, alors que les conseils de la culture et plusieurs organismes nationaux et régionaux ont vu leur budget annuel amputer de cinq, dix ou quinze pour cent dans la foulée des mesures d’austérité du budget Leitao et Coiteux du printemps dernier.

Selon nous, travailleurs culturels et artistes, pour que la culture devienne une véritable courroie du développement durable de la société québécoise, il nous faut compter sur différents intervenants qui ont à cœur la santé financière de leur communauté, mais aussi le plein déploiement de leur identité culturelle.

Parmi ces acteurs de proximité, nous retrouvons les conseils régionaux de la culture. Ils cumulent plus de trente-cinq ans d’expériences et malgré des conditions parfois difficiles de réalisation de leur mandat, ils ont traversé plusieurs changements socio-politiques qui les ont imposés comme des experts-conseils de leur milieu. La reconnaissance publique des artistes reste au cœur de leurs actions, fondées sur la concertation, la mobilisation, la représentation et la formation. Préoccupés par le cycle écologique des arts et de la culture, ceux-ci disposent ainsi d’une vision pluridisciplinaire, ce qui leur permet de collaborer au développement stratégique de leur région respective.

Les États généraux des arts et de la culture que nous menons depuis trois ans, et qui culmineront le 28 octobre prochain, brossent déjà en arrière-plan certains enjeux en matière de développement culturel en Estrie.

Pour arriver à un état des lieux équitable et représentatif de la région, nous avons tenu des chantiers de travail, autour du financement public et privé de l’art, autour de la reconnaissance des arts et de la culture, de l’éducation à l’artistique, du virage numérique incontournable de nos pratiques en ce nouveau millénaire et d’une potentielle plateforme de services mutualisés pour les artistes et travailleurs culturels.

Si on excepte les autres dossiers sur la planche à dessin, mener à bien ces travaux s’avère déjà une victoire en soi. Il a réuni des centaines de bénévoles issus des secteurs névralgiques de la santé, du politique, des communications, de l’éducation, des affaires, des arts et du tourisme, qui ont tous à cœur le développement de la communauté.

De ces tables de réflexion, nous souhaitons dégager une vision forte et identitaire, afin que l’Estrie puisse se positionner au-delà des hauts faits des Fessenden, Foss, Gale, Bombardier et Barthomeuf, par exemple.

Malgré les changements confirmés dans la gouvernance des régions, entre autres par la disparition des conférences régionales des élus, avec la municipalisation des organismes de développement local (CLD) et les cures minceur imposées aux organisations sociocommunautaires et culturelles, nous n’en espérons pas moins une légitime reconnaissance du secteur des arts et de la culture.

Dans le domaine qui nous occupe, puisse l’Estrie rayonner de tous ses feux, en nous inspirant des travaux que nous avons consentis en cours d’année, et du lègue de nos fleurons culturels, d’hier et d’aujourd’hui pour demain. Il en va de notre identité culturelle en région!

Sylvie L. Bergeron,
Présidente du Conseil de la culture de l’Estrie
Août 2015